Demain c’est trop tard pour l’adaptation

La grande majorité des citoyens de Santiago admettent que le coup dévastateur de Sandy les a surpris.

Jorge Luis Baños - IPS

Près de trois semaines après la tempête, les décombres ont été dégagés des rues de Santiago

SANTIAGO DE CUBA , 8 déc (IPS) – Vous pouvez encore voir des assiettes brisées, des jouets, des livres et des photos dans les décombres qui étaient autrefois les maisons de la famille de Rey Antonio Acosta et d’autres familles à Mar Verde, la communauté côtière que l’ouragan Sandy a touchée dans cette ville orientale de Cuba.

«Venez ici voir ce qui fait mal», déclare à Tierramérica* ce garçon de 12 ans, qui se souviendra toujours des premières heures du 25 octobre, lorsque des vents allant jusqu’à 200 kilomètres/heure et des vagues hautes de neuf mètres ont détruit des dizaines de maisons le long de la côte dans la région.

Il parle de la façon dont il a vu l’œil de l’ouragan, «noir et avec des étoiles au centre», et le calme après son passage. «Mais ensuite, les vagues montaient davantage et le vent devenait plus fort. Nous avons entendu quelque chose comme le rugissement d’une bête sur nous. Les gens pleuraient et je pensais que c’était mon heure (de mourir)», a t-il dit.

Son jeune âge ne l’empêche pas de tirer une leçon de Sandy. «Maintenant que je sais ce qu’est un ouragan, lorsque le prochain viendra, nous ne mettrons pas du temps à évacuer», a-t-il indiqué. La grande majorité des citoyens de Santiago admettent que le coup dévastateur de Sandy les a surpris, en dépit des alertes météorologiques.

«Nous pensions qu’il y aurait juste un peu de vent et de pluie, et que ce serait tout», a affirmé María Caridad, qui vit à Santiago de Cuba, la capitale provinciale. Comme beaucoup d’autres personnes dans cette ville d’un demi-million d’habitants, sa maison, qui a été construite il y a un siècle environ, n’était pas convenable pour résister à l’assaut.

«Aucun de mes voisins n’a pris Sandy au sérieux», déclare Caridad, 50 ans, dont un mur adjacent est tombé sur sa maison, entraînant l’effondrement du toit et laissant la famille à la merci du vent. «Nous avons profité d’un calme momentané pour passer par le balcon de l’appartement d’à côté pour aller chercher un abri».

D’autres personnes se sont plaintes de ce que dans leurs quartiers il n’y ait pas d’électricité très tôt, alors elles n’ont pas entendu la dernière alerte météorologique, annonçant que la trajectoire de l’ouragan irait jusqu’à Santiago de Cuba, qui est densément peuplée et dispose d’un stock de logements largement précaires qui sont vulnérables aux catastrophes.

«Les cyclones passaient généralement près de Santiago de Cuba et venaient de l’est. Sandy est venu du nord, et c’était la première fois que l’œil de l’ouragan est passé juste au-dessus de nous. S’il était venu dans la journée, il aurait causé plus de décès que les 11 qui sont survenus, parce que les gens seraient dans la rue», a expliqué à Tierramérica, Eddy Acosta, du Conseil de défense civile de Mar Verde.

Près de trois semaines après la tempête, les décombres ont été dégagés des rues de Santiago. Mais les arbres, dépouillés de feuillage et avec des branches cassées se détachant dans le ciel, lui donnent un look hivernal étrange. Beaucoup d’arbres ont été déracinés et jetés contre des bâtiments et des maisons.

Le 12 novembre, il n’y avait toujours pas de compte-rendu officiel des dommages économiques causés par Sandy, même si une estimation du bureau des Nations Unies à Cuba indiquait que 137.000 maisons avaient été endommagées à Santiago de Cuba, 65.000 à Holguín et 8.750 à Guantánamo, les deux autres provinces orientales qui étaient les plus touchées.

L’industrie, les télécommunications, l’électricité et l’agriculture ont subi de graves dégâts, et la reprise devrait être extrêmement difficile dans un pays qui tente de renforcer son économie affaiblie, et qui en 2008 a été ravagé par trois ouragans qui avaient causé 10 milliards de dollars de pertes.

La fureur du vent et des vagues a dévasté non seulement Mar Verde, mais aussi d’autres communautés côtières comme Cayo Granma et Siboney, et plusieurs installations touristiques le long de la rive. Selon les autorités, Sandy a favorisé le besoin de propositions «réalistes» en termes de méthodes de construction et d’aménagement du territoire.

Des chercheurs qui étudient l’impact des changements climatiques à Cuba, estiment que 577 communautés dans le pays seront exposées aux inondations, en raison de la montée du niveau de la mer et de la houle causée par des ouragans de plus en plus intenses.

Ils recommandent d’œuvrer à la protection des écosystèmes comme les mangroves et les récifs coralliens qui servent de barrières naturelles contre les tempêtes tropicales, et d’éviter d’investir dans la construction dans des zones balnéaires à haut risque.

* Cet article a été initialement publié par des journaux d’Amérique latine qui font partie du réseau Tierramérica. Tierramérica est un service spécialisé d’informations produit par IPS avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et la Banque mondiale. (FIN/2012)

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