Prendre conscience des coûts des effets du changement climatique

La conservation et la restauration des zones naturelles qui peuvent aider à atténuer l’augmentation de la température est un autre défi pour 11,2 millions d’habitants de Cuba.

Jorge Luis Baños

LA HAVANE, 20 juil (IPS) – «Combien vaut une espèce? Quelle est l’étiquette du prix sur les services fournis par un fleuve ou une forêt?». Telles sont les questions que la biologiste María Elena Perdomo pose pour encourager les Cubains à tenir compte des coûts environnementaux, qui peuvent être apparemment intégrés dans les réformes économiques actuelles.

«Les effets du changement climatique réduisent la biodiversité, entraînent une baisse de la qualité de vie, changent les paysages et ont d’énormes conséquences sociales. Mais qu’est-ce que tout cela signifie en termes économiques?», demande Perdomo, une chercheuse au Centre des études de l’environnement et des services à Villa Clara, à 268 kilomètres de La Havane.

Dans un entretien avec IPS, elle a déclaré que ce genre d’analyse devrait bénéficier de plus d’attention lorsque des décisions sont prises sur la façon de protéger l’environnement, et lors de la planification des projets écologiques, de la rédaction des messages et programmes de sensibilisation sur l’environnement et de la planification des travaux de construction ou autres qui pourraient nuire aux zones vulnérables.

«Une façon de déterminer la valeur d’un service, d’une ressource ou d’un écosystème, c’est de considérer le coût de son remplacement s’il n’était pas disponible», a-t-elle indiqué. «Quelles sont les pertes causées par un cyclone tropical ou une sécheresse prolongée? Combien cela coûterait-il d’amener de l’eau potable sur les terres arables laissées sans sources d’eau?».

A Cuba, comme dans d’autres pays des Caraïbes, les effets du réchauffement de la planète auront le plus grand impact sur les zones côtières, bien que toute l’île soit de plus en plus affectée par des événements météorologiques extrêmes, tels que des vagues de chaleur, des périodes de sécheresse prolongées et de fortes pluies. L’eau potable et les terres fertiles seront rares et la biodiversité sera réduite.

Quelque 80 établissements côtiers sont susceptibles d’être affectés et 15 pourraient disparaître d’ici à 2050 si le gouvernement cubain ne met pas en œuvre des mesures d’adaptation en réponse à la prévision que, d’ici à cette date, 2,32 pour cent du territoire national sera en permanence sous l’eau, selon le ministère de la Science, de la Technologie et de l’Environnement.

A cause de cette situation, la conservation et la restauration des zones naturelles qui peuvent aider à atténuer l’augmentation de la température est un autre défi pour 11,2 millions d’habitants de Cuba et son économie, qui peine à sortir d’une grave crise qui a duré plus de 20 ans.

Aborder les problèmes environnementaux figure dans le programme stratégique de réformes économiques et sociales entamées en 2008 par le gouvernement du président Raúl Castro. Cette année, cette approche est devenue plus visible puisque l’utilisation de sources d’énergie renouvelables, qui sont beaucoup moins polluantes que les carburants fossiles, est devenue une priorité plus grande.

Les autorités orientent les investissements pour que d’ici à 2030, environ 10 pour cent de l’énergie consommée dans le pays provienne du vent, du soleil, de l’eau et d’autres sources d’énergie renouvelables. Cela a été annoncé en juin.

Le ministère a également créé un macro-projet de recherche et de gestion de l’environnement pour considérer la vulnérabilité aux changements climatiques et l’évaluation des risques dans les zones côtières de 2050 à 2100, qui inclut des recommandations pour des mesures d’adaptation.

«Il n’y a souvent aucune évaluation quantitative fiable des ressources naturelles», a affirmé Perdomo. D’autres problèmes qui ont été identifiés, a-t-elle ajouté, sont le manque de «financement pour l’assainissement, l’absence de pouvoir de prise de décisions dans les communautés locales, et le manque d’appui financier pour la sensibilisation sur l’environnement».

Une étude publiée en 2012 par ‘Revista Cubana de Geografía’, une revue géographique en ligne, a estimé le coût total de restauration de la végétation le long des berges du fleuve Guanabo, dans la capitale cubaine, à 825.500 dollars, selon les chiffres de ‘Unidad Silvícola’, une unité forestière d’Etat à La Havane.

Pour réparer les dégâts causés par l’activité humaine à la végétation du bassin du fleuve Guanabo, l’étude de recherche a constaté que les forêts, «cuabal» (des broussailles épineuses sèches adaptées qui se développent sur un sable fin ou une roche nue) et les mangroves devraient être tous restaurés, pour permettre à une régénération naturelle de se produire.

Les efforts de replantation dureraient jusqu’en 2022, indique l’étude intitulée «Le coût des dommages environnementaux aux ressources forestières dans les zones de régulation hydrographique le long du cours principal du fleuve Guanabo, La Havane, Cuba»).

Cette zone a été soumise à une exploitation aveugle pendant des années, avec le résultat que, entre autres effets, les forêts et les fourrés ont été fragmentés et détruits, des voies fluviales érodées et des plans d’eau pollués avec des sédiments, selon l’étude. Si rien n’est fait, les coûts de réparation augmenteront, préviennent les auteurs.

Le Bureau national des statistiques a indiqué que Cuba a dépensé 37 millions de dollars de plus sur la protection de l’environnement en 2012 par rapport à l’année précédente. Toutefois, les dépenses sur les bassins fluviaux d’intérêt national ont chuté de 81.000 dollars dans la même période. (FIN/2013)

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